samedi 20 octobre 2007

Khong cam on, di bo!

Cher tous,

J'ai passé quelques jours a Dalat, ville située au milieu des collines, après une étape de deux jours à Nha Trang, cite balnéaire dans laquelle j'ai pris un gros bain de soleil. Je ne vais pas chercher à faire des envieux en montrant des photos de plages garnies de cocotiers pour deux raisons :
1. La connexion Internet de mon cybercafé est terriblement lente, mettre une photo prendrait des plombes
2. Nha Trang n'est en fait pas super intéressante: si vous allez sur les plages asiatiques, privilégiez la Thaïlande ou la Malaisie !

J'ai donc pensé plutôt parler de la société vietnamienne, en jetant dans le désordre les pensées qui me viennent à l'esprit.

Les vietnamiens sont des gens qui aiment bien vivre, mais qui semblent toujours penser les choses dans l'instant, jamais sur le long terme. Les guerres successives (contre la France, puis la guerre civile, puis les US, puis la Chine), et leur capacité à rester indépendant en ont fait un peuple fier et c'est tant mieux. En revanche, on a l'impression que l'histoire sanglante du pays leur a inculqué une mentalité de style 'Nous ne savons pas de quoi demain sera fait' qui leur fait manquer des règles élémentaires de sécurité. Alors que les vietnamiens adorent leurs bébés et adorent les montrer à tout le monde, étrangers compris, ils sont les premiers à monter à trois sur une moto, en mettant leur gamins entre le père et la mère. Dans un pays aussi dangereux cela cause bien entendu des accidents dramatiques.

Les transports, parlons-en. Le trafic est pire qu'en Inde : vous le savez peut-être, mais Hanoi et Saigon sont les seules villes du monde à compter plus de motos que de population. A cela il faut ajouter les vélos, très largement utilisés. Pour les vietnamiens, il est impensable de marcher dans les villes, même quand c'est pour faire des ballades sympas. Pour cette raison la phrase Khong cam on, di bo (Non merci, je marche) est indispensable pour couper court aux "motorbike, man?" et autres "Where are you going?" lancés par les conducteurs de xe om.

Personne ne porte le casque dans les villes, et la sécurité routière est donc sans surprise parmi les premières causes de décès. Le gouvernement va cependant rendre obligatoire le port du casque à partir de Décembre 2007, en instituant une amende de 80,000 dongs (4 Euros).

Le rapport aux touristes est assez spécial. Les vietnamiens n'ont pas l'air spécialement envieux du mode de vie occidental ; en revanche ils considèrent logiquement le touriste comme une source de revenu. Cela atteint des proportions franchement désagréables, comparé à d'autre pays où l'on est aussi très sollicité (Inde, Thaïlande, par contre je n'ai pas été au Maghreb donc pas de comparaison possible). Les chefs de petits magasins dans la rue, les vendeuses sur les plages, n'hésitent pas à lancer "you buy something?" sans même préciser de quoi il s'agit, comme si parce que l'on était occidental il faudrait acheter. On est franchement réduit à l'état de porte-monnaie ambulant, et il faut bien une semaine pour s'y habituer. C'est bien dommage et cela tient sans doute aussi a l'attitude consuméristes des milliers d'américains qui débarquent aux pays voir les exploits de leurs parents et grand-parents tout en se faisant plumer au passage ("this taxi was only 5$: it's so cheap").

La prostitution existe, sous diverses formes. Si vous voyagez en tant que mec seul ou en bandes de potes, les chauffeurs de xe om proposent souvent des ladies. Mais surtout, si l'on voyage seul, il est assez fréquent qu'une fille vienne vous voir en disant "My girl friend there finds you handsome". Ca rappelle un peu l'école primaire, et étant donne que je passe mon chemin, je ne sais pas quel est le but de la manoeuvre, mais bon. Ils semblent qu'en échange d'un mariage avec une belle vietnamienne, l'occidental payera une rente mensuelle à la famille. C'est assez moche.

Et cela nous amène directement à parler des expats, et en particulier ceux de la catégorie "Je suis français, j'ai soixante ans, je suis à la retraite et marié à une vietnamienne". J'en ai déjà rencontré deux : un ancien sous-marinier et un gendarme. Même discours critiques sur les vietnamiens, mêmes attitudes post-coloniales, même tempérament. Quant à leur femme, je ne doute pas qu'il puisse exister des mariages d'amour entre occidentaux et vietnamiens, mais bon...

Vous l'aurez compris, la place de la femme n'est pas idéale. Comme en Inde, ce sont majoritairement elles qui travaillent dans les champs. En revanche, la situation est un peu plus contrastée, puisque de plus en plus de femmes deviennent manager d'hôtels et accèdent à des postes de responsabilité. Au niveau des rapports familiaux, rien à dire de spécial, cela ressemble au reste de l'Asie. Plusieurs générations se côtoient sous un même toit, tandis que les hôtels, agences ou restaurants sont souvent gérés par une famille. Comme ailleurs, les femmes ont un rôle capital dans l'organisation familiale.

Quant ils sont en couple, les vietnamiens ne se montrent pas. Pour les voir il faut se rendre sur la plage de Nha Trang à la nuit tombée, où les couples se rencontrent dans l'obscurité. On ne se tient pas la main dans la rue, même si parfois les couples (et aussi les couples homosexuels) se baladent bras dessus bras dessous.

Au niveau du rythme de vie, les vietnamiens ont deux moments importants dans la journée : le matin entre 5 et 7h, et le soir quand la nuit tombe (17h30). A ces deux moments précis, ils sortent tous faire de l'aérobic dans les rues, ou font du jogging (en courant très lentement: la plupart se contentent de marcher). Le reste du temps, il fait trop chaud, et globalement les vietnamiens n'aiment pas le soleil quand il tape trop : tout le monde s'habille en manches longues, les filles en premier pour garder une peau aussi blanche que possible !

Voila, c'est tout pour aujourd'hui - merci si vous avez lu jusqu'ici. J'évoquerai la situation politique plus tard, dans un autre post - plein de choses à raconter là-dessus !

4 commentaires:

Tom a dit…

Toujours bien écrit, toujours intéressant. Content d'avoir de tes nouvelles ;)

tom

Anonyme a dit…

Ton début de récit, Emmanuel, me fait penser aux lettres des deux persans de Montesquieu qui s'étonnent des embarras de la capitale. Mais une observation quand même sur la sécurité routière au Vietnam. En Inde, on observe cette même non- préoccupation sécuritaire, et je la trouve salutaire. Je crois que c'est que la vie et la mort n'ont pas le même sens en Orient qu'en Occident. Cela dépend, certes, des conditions plus précaires de la vie mais surtout des religions et des philosophies qui conduisent à un autre positionnement de l'individu dans le monde. Donc, que peux-tu nous dire de la religion ou des religions des Vietnamiens?
Et puis, au prochain cybercafé, mets les photos de la plage avec les cocotiers. I want to see.
Mother

Anonyme a dit…

Oui, des photos ! des photos ! On veut te voir en maillot sur la plage !

Manu a dit…

Bon OK je vais mettre des photos de Mui Ne, a Nha Trang j'en avais meme pas fait! (ca me saoulait d'amener mon appareil a la plage, et c'etait pas terrible).

Maman je ne sais pas si il est vraiment salutaire de conduire comme ils le font ici.Le trafic est comme en Inde, sauf que tu remplaces les vaches, chiens et autres animaux par des motos bien plus dangereuses. En rentrant de la Baie d'Halong j'ai vu un accident et c'etait glauque, je pense que la pauvre fille est morte! Mais oui effectivement c'est peut etre du a la religion, meme si le bouddhisme ne me marque pas outre mesure ici...